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La Cour de justice européenne sanctionne une multinationale suisse à cause de son herbicide dangereux

19.07.2007

La Déclaration de Berne (DB) a lancé une campagne mi-septembre 2006 contre un produit dangereux de l’agrobusiness Syngenta. Le Paraquat est un herbicide contesté, déclaré produit dangereux, et non autorisé par plusieurs pays, dont la Suisse. Pourtant, dans plusieurs pays en développement, des employés de plantation et des petits cultivateurs utilisent le Paraquat pour éliminer les mauvaises herbes. Des dizaines de milliers de personnes s'intoxiquent chaque année : ils souffrent de maux de tête et de ventre, de maladies chroniques voire d’intoxication mortelle contre laquelle il n’existe pas d’antidote. En 2007, les effets de la campagne ont commencé à se faire sentir.

La Cour de justice européenne tranche

Le Tribunal de première instance des Communautés européennes a annulé le 11 juillet 2007 la directive de l'Union européenne autorisant l'herbicide paraquat de Syngenta. La Cour a considéré que la décision d'autorisation du paraquat en 2003 n'a pas suffisamment tenu compte du lien entre le paraquat et la maladie de Parkinson ainsi que d'autres effets de la substance sur la santé des travailleurs et des animaux sauvages. Le verdict confirme la position de la Déclaration de Berne (DB), qui pointe depuis longtemps les risques du paraquat pour les utilisateurs. L'ONG déclarait à ce propos: "L'arrêt de la cour européenne montre que seule une institution à moitié aveugle pouvait admettre le paraquat. Syngenta elle-même souffre déjà depuis longtemps de cécité". La DB exige de Syngenta qu'elle retire son produit dans le monde entier.

    Appel à la société civile

    Malgré les dizaines de milliers d’intoxications, la multinationale continue à commercialiser son produit phare, largement disponible sur le marché (sous la marque Gramoxoneâ) depuis 40 ans. Syngenta se défend d’ailleurs que les usagers ne courent aucun risque si le mode d’emploi est respecté et s'oppose à l'exigence internationale d'un arrêt de production. La Déclaration de Berne, avec 36 autres organisations, reproche à l’entreprise suisse que « le bénéfice est plus important que le destin des êtres humains des pays en développement ». La Déclaration de Berne se bat pour l'interdiction mondiale et l'arrêt immédiat de la production du Paraquat. Afin de donner du poids à cette exigence, la société civile est invitée à condamner publiquement le comportement intolérable de Syngenta. L'objectif, d'ici mi-novembre, est qu'au moins 50'000 personnes s’élèvent contre les activités dommageables aux êtres humains de Syngenta.

    En mai 2007, diverses organisations d’Asie, d’Amérique latine et d’Europe ont déposé des plaintes liées au paraquat contre Syngenta auprès de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO). En effet, selon elles, l'entreprise bâloise ne respecte pas les engagements pris dans le cadre du code de conduite de la FAO. Les organisations, dont la DB, exigent que la multinationale suisse retire son herbicide. 

    En octobre 2007, la multinationale états-unienne Dole, principal fournisseur mondial de fruits et légumes et de fleurs coupées, renonçait à utiliser le paraquat à l’avenir. Elle reconce ainsi de son plein gré à ce produit controversé et va immédiatement appliquer cette décision à la plupart de ses produits. Pour les ananas du Costa Rica, l’arrêt de l’utilisation de paraquat est prévu pour mi-2008. Chiquita par exemple a déjà fait ce pas depuis des années. D'autres entreprises concurrentes sont "au pied du mur". Même si de plus en plus de grands producteurs renoncent de leur plein gré à son pesticide hautement toxique, Syngenta veut forcer sa réadmission en Europe.

    Cour de justice européenne

    Société civile