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Centres d'hébergement des requérants d'asile: mandat de la Confédération à une entreprise privée

16.02.2010

La Confédération a mandaté une entreprise privée pour encadrer et héberger les requérants d'asile dans ses quatre centres d'entregistrement (Bâle, Vallorbe, Chiasso et Kreuzlingen) et ses trois centres de transit. Des cantons (FR, SO, ZH) et des communes se sont joints au choix fédéral, si bien qu'en 2010, «ORS Service AG dirige les 7 centres de la Confédération et plus de 50 centres d’hébergement collectifs et communaux. Avec ses 300 collaboratrices et collaborateurs, elle encadre plus de 4’000 requérants d’asile par jour» peut-on lire sur le site de la firme. Le maintien de l'ordre et la sécurité est confiée à Securitas.

Les organisations actives dans le domaine de l'asile ont critiqué le choix des administrations: selon elles, ORS aurait tendance à privilégier une vision plus sécuritaire qu'humanitaire de l'asile. Porte-parole de l'aide suisse aux réfugiés (OSAR), Yann Golay relève que «les employés qui y travaillent font un travail de qualité. Mais il est clair qu'ORS a une manière de faire plus axée sur la sécurité que celle d'une institution étatique ou d'une œuvre d'entraide.»

Ainsi à Vallorbe, sept employés de l'entreprise ORS effectuent les tâches les plus diverses pour encadrer les 100 à 300 requérants d'asile: les conduire à leur audition, faire les nettoyages et la vaisselle, distribuer les repas, ou encore donner des leçons de français. Sur ordre de l'Officie fédéral des migrations (ODM) ces agents privés ont epu à peu remplacés les assitants sociaux et le peronnel médical qualifiés. Leur tâche est davantage concentrée sur un rendement efficace et le temps ou la formation manque pour répondre aux questions des requérants. Ce sont eux qui décident des cas d'urgence lorsqu'il faut faire appel au médecin de garde. Ces agents sont généralement peu qualifiés (anglais minimal) et peu payés.

2007: à Fribourg, la totalité du mandat asile va aux bons soins d’une entreprise privée

De plus en plus de cantons (BL, SO, ZH) font appel aux services d’une entreprise privée zurichoise spécialisée dans l’encadrement des requérants d’asile depuis 1992, l’ORS Service AG (Organisation für Regie und Spezialaufträge). Dernier en date, le canton de Fribourg a choisi de lui attribuer la totalité du « mandat asile » dès janvier 2008, après lui avoir déjà confié le mandat des NEM en janvier 2006. L’entreprise sera donc l’unique interlocuteur pour l’accueil, l’encadrement et l’hébergement des requérants d’asile, des personnes admises à titre provisoire et des requérants déboutés.

Conséquences des restrictions budgétaires

« Cette décision a été prise en raison des nouvelles exigences légales pour 2008 posées par la Confédération, qui assumait jusqu’alors la majorité des frais engendrés par la présence des requérants », explique Hans-Jürg Herren au Temps. A Fribourg, on estime que la facture de l’asile va donc gonfler de 600’00 francs à 3-4 millions et le canton a choisi de faire un appel d’offre plutôt que d’assumer les coûts. Avec ses 4,1 millions, ORS Service a déposé une offre dont le coût était de 800'000 francs inférieure à ses concurrents, la Croix-Rouge fribourgeoise et Caritas Suisse à Fribourg. L’aspect budgétaire de la masse salariale semble avoir été l’élément déterminant – et les requérants d’asile forme désormais à Fribourg un marché, dans lequel une entreprise comme ORS Service peut faire du profit, avec un chiffre d’affaire de 25 millions.

Préoccupations et valeurs

Du côté des organisations humanitaires, des retenues ont été élevées, malgré les assurances du chef du marketing d’ORS Service Roman della Rossa, que l’encadrement des personnes est prioritaire au profit. Parmi les préoccupations figurent une surcharge de travail leur incombant à des collaborateurs parfois insuffisamment formés, résultant par exemple en des repas peu soigneux ou un accès aux soins limités pour les requérants. Une inquiétude persiste quand au changement des valeurs animant l’organisation et ses collaborateurs.

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