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Prisons genevoises: agrandir, est-ce une réponse ?

Le taux d’occupation de la prison préventive de Champ-Dollon a été en moyenne de 169% en 2008. C’est ce qu’indique le rapport d’activité présenté par les autorités genevoises le 3 mars 2009. Face à des conditions de détention et de travail devenues plus que crispées, le Conseil d’Etat genevois a annoncé un projet d’agrandissement du site de Champ-Dollon. Cette décision est critiquée par les organisations des droits humains, qui soulignent notamment que la solution au problème de surpopulation en milieu carcérale devrait se nourrir d’une réflexion plus globale et en amont sur le système de détention préventive.

Surpopulation carcérale insoutenable

Août 2007 : 220 prisonniers refusent de regagner leurs cellules. Fin 2008 : le personnel de Champ-Dollon bloque par deux fois l’accès de la prison afin d’obtenir des augmentations de salaires et d'effectifs. Ces événements sont emblématiques d’un état de surpopulation permanent dans l’enceinte des murs de Champ-Dollon. Les statistiques présentées dans le rapport confirment l’état de tension: le nombre moyen de détenus est chiffré à 457 pour une capacité de 270 places, et ce en dépit de l’ouverture en février 2008 du nouvel établissement La Brenaz. En moyenne, 80 personnes déjà condamnées restent incarcérées dans la prison préventive faute de place ailleurs. Un quart à un tiers des places en préventive sont ainsi occupées par des gens qui ne devraient plus s’y trouver.

L’agrandissement : une solution à court terme

Face à situation devenue intolérable tant du côté des détenus que du personnel, un comité de pilotage, mandaté par le Conseil d’Etat, planche sur le projet d’un nouvel établissement de détention préventive dans le périmètre de Champ-Dollon. Celui-ci devrait accueillir pas moins de 500 personnes. Alors que les partisans de l’idée clament « ne pas avoir d’autres solutions », Damien Scalia président de la section genevoise de la Ligue des droits de l’homme souligne l’aberration du projet. Une réflexion sur les causes de cette surpopulation aurait en effet pu être porteuse d’une solution à plus long terme.

Vers un développement des peines alternatives ?

En avril 2007, un rapport sur les causes de la surpopulation carcérale concluait que « la justice genevoise recourt trop souvent à la détention préventive et pour de trop longues durées ». André Kuhn, professeur de criminologie à l’Université de Lausanne le confirme : « ce qui pèse lourd sur la chaîne, ce sont les longues peines. Or, la société semble être de plus en plus punitive et le système s’emballe vers le haut sous cette pression. La réaction logique est de dire qu’il faut augmenter le nombre de places alors qu’il est tout aussi nécessaire de réfléchir à la durée des peines et avoir moins peur des libérations conditionnelles ». Une discussion sur le développement des peines alternatives à la détention préventive, prônée par Damien Scalia notamment, semblerait ainsi répondre de manière tout autant objective, ou du moins de manière plus durable au problème récurrent de surpopulation des milieux carcéraux.

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