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Un policier genevois parle de flics contre le racisme

26.10.2007

«On n’entre pas dans la police parce qu’on est raciste, on le devient par la socialisation policière» : l’observation de ce glissement faite par la sociologue française Dominique Lhuiller corrobore avec l’observation du policier et écrivain Yves-Patrick Delachaux, en Suisse et dans l’espace européen. Pour prévenir les dérapages et garantir l’efficacité de la police, ce dernier a mené une réflexion passionnante qui a aboutit à l’écriture d’un petit livre accessible à tous:

Présumé non coupable : des flics contre le racisme

Yves Patrick Delachaux
2007, Ed. Saint-Augustin, Saint Maurice, 168p.

Ces réflexions viennent des expériences que mènent Delachaux comme policier qui connait les réalités du terrain (il a travaillé pendant 9 ans aux Pâquis, connu pour être l’un des quartiers les plus ’chauds’ de Genève), comme formateur en éthique et droits de l’homme à la police genevoise, et comme pilote d’un groupe chargé de la rédaction d’un support didactique pour les polices romandes en éthique et droits de l’homme. Il a en outre publié deux romans policiers à succès.

Distinction entre racisme et discrimination

Delachaux distingue racisme de discrimination en ce sens que le racisme est une doctrine de la supériorité d’une race sur une autre – attitude à combattre sans compromis – alors que la discrimination est l’action de discerner deux éléments l’un de l’autre avec précision. Selon l’auteur, elle peut être positive et doit pouvoir être utilisée professionnellement, ajustée à des objectifs légitimes, comme «outil pratique» pour les agents de la force publique. Il justifie que, au vu des relations quotidiennes et forcément émotionnelles entre policiers et migrants (souvent douloureuses pour ces derniers), le travail de la police est, entre autres, de distinguer ceux qui contreviennent à la loi – sans se fier à ses préjugés.

Passer par la formation

Yves Patrick Delachaux poursuit aujourd’hui cette action dans le cadre de la formation continue des policiers. Selon lui, manque au sein du programme des écoles de police une formation interculturelle liée à réflexion éthique. «Pour lutter contre le racisme sous toutes ses formes, écrit-il en p.126, pour comprendre et déjouer les mécanismes discriminatoires [négtifs], des mesures doivent être pris immédiatement dans les processus de recrutement, de formation de base, de formation continue». Delachaux donne des recommandations, des pistes de formation et de résolutions de conflits applicables partout, dans le respect et le pragmatisme.

A noter que depuis 2003, le brevet national, reconnu par l'Office fédéral de la formation professionnelle et de la technologie mais enseigné dans des écoles cantonales ou régionales, sanctionne la formation de base du policier. Ses enseignements sont répartis en quatre branches d'examens: intervention, police de proximité, psychologie policière, et éthique et droits humains.  

Réaction dans la presse

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