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Traite d’enfants – aussi en Suisse

05.02.2008

Le Conseil de l'Europe est très inquiet au sujet de disparitions de nouveau-nés à des fins d'adoption illégale dans certains pays de l'Est. La conseillère socialiste bernoise, Ruth-Gaby Vermot a mené une enquête pendant deux ans sur le sujet. Elle a constaté notamment des pratiques douteuses où les enfants sont enlevés à leur mère dès la naissance. Son rapport a été adopté fin janvier 2008 par l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe à Strasbourg. 

Plan national d’action nécessaire

« Aucune région, aucun pays n’est épargné », indique Marta Santos Pais, directrice du center de recherche Innocenti de l’UNICEF, qui estime les profits de ce marché sordide à 7 milliards de dollars. Pour la secrétaire générale du Comité suisse Elsbeth Müller, la Suisse aussi est concernée, essentiellement en tant que lieu de transit et de destination : la plupart d’entre eux seraient en Suisse pour être exploité dans des ménages privés, dans la prostitution ou pour commettre des délits. Même si la Suisse a ratifié une grande partie des textes internationaux liés aux problèmes de la traite d’enfants, le pays ne s’est jamais doté d’un plan national d’action contre ce commerce. Souvent clandestins, ces enfants ne possèdent pas de permis de séjour et n’osent pas s’adresser à la police. Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance lance une nouvelle campagne de sensibilisation de l’opinion publique à ce sujet. L’UNICEF appelle aussi la Suisse à renforcer sa lutte contre le commerce illégal d’enfants et publie un premier rapport détaillé consacré à la situation en Suisse.

Autour de l'adoption

"Et l'on est passé de la recherche de parents pour un bébé à la quête d'un bébé pour des parents" commente Le Temps qui, inquiet de la proximité entre adoption et traite d'enfants, y consacre un dossier le 16 novembre 2007. La Suisse est signataire de la Convention de La Haye (1993), qui vise à prévenir les enlèvements, la vente et la traite d'enfants. Elle possède une Autorité centrale fédérale responsable qui traite des cas d'adoption avec celles des pays 'fournisseurs' ayant ratifié la Convention, celles-ci décidant de l'attribution d'un enfant ou non après vérification de l'adoptabilité des enfants. Mais le flou réside autour des adoptions dites privées, lorsque les autorités n'interviennent pas dans la procédure, et qu'autorisent la Suisse. Dans ce cas, du point de vue officiel, seule l'Ambassade suisse qui devant fournir le visa - et vérifier les documents présentés - entre en ligne de compte, souvent bien après que la procédure d'adoption ait été conclue. 

Les organisations des droits de l'enfant, telles que Terre des hommes ou Casa Allianza, ne manquent pas de mettre en garde les parents désireux d'adopter. En Haïti, révèle un rapport de Terre des hommes, 9 enfants adoptés sur 10 ne sont pas orphelins, leurs parents les ayant placés en crèche en attendant des jours meilleurs. Le Guatemala est le 3e pays fournisseurs de bébés après la Chine et la Russie, avec 5000 enfants par année - Casa Allianza faisant état de vols de bébés ou de mères porteuses 'à la chaîne'. La Suisse a d'ailleurs imposé un blocage des adoptions en provenance de ce pays et du Cambodge en raison de fortes suspicions constatées par les cantons.  

Trafic d'enfant et clandestinité - rapport UNICEF-Suisse

La Suisse et l'adoption

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