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Enfants exploités dans les champs de coton: les entreprises mises devant leurs responsabilités

26.01.2012

En Ouzbékistan, le coton est récolté grâce au travail forcé d’enfants organisé par l’Etat. L’Etat ouzbek envoie chaque année entre 1.5 et 2 millions d’enfants dans les champs de coton. Les enfants et leurs familles ne sont pas rémunérés pour leur travail, la plus grande partie des recettes filant directement dans les caisses de l’Etat. L’Ouzbékistan est l’un des principaux producteurs de coton du marché mondial et ses champs sont en majorité en possession de l’Etat.

L’Etat ouzbek n’est pas le seul à bénéficier de cette situation. Jusqu’à maintenant, les entreprises européennes actives dans le commerce du coton, y compris en Suisse, profitaient aussi du travail forcé des enfants en s’appuyant sur le système ouzbek. Mais cela devrait changer sous peu. Après une série de plaintes, des procédures de médiations ont été entamées entre l’ONG qui a déposé les plaintes et les autorités suisses, françaises, allemandes et anglaises concernées. Les entreprises visées ont déjà déclaré qu’elles allaient prendre des mesures pour améliorer la situation sur place.

Sept plaintes coordonnées dans quatre pays

L’European Center for Constitutional and Human Rights (ECCHR), une ONG berlinoise, a déposé en octobre 2010 des plaintes coordonnées contre sept entreprises européennes actives dans le commerce de coton auprès des Points de contact nationaux pour les Principes directeurs de l’OCDE (PCN) de chaque pays concerné. Il s’agit de la Suisse, l’Allemagne, l’Angleterre et la France, qui accueillent les sièges des entreprises impliquées.

Au printemps 2011, tous les PCN ont accepté les plaintes et ont engagé une procédure de médiation avec les entreprises concernées. A l’automne de la même année, une première percée a été réalisée en Angleterre dans les négociations entre les entreprises, le PCN et l’ECCHR. Selon l’ECCHR, les deux entreprises britanniques ont promis de prendre des mesures, négociées en détail avec l’ECCHR, afin d’améliorer la situation sur place. Ils n’ont en revanche pas donné publiquement plus de précisions sur ces mesures. Les partenaires de la médiation ont convenu de rester en contact régulier et, au bout d’un an, d’évaluer avec l’assistance du PCN anglais les progrès réalisés.

Procédure de médiation en Suisse

D’après l'ECCHR, les PCN des autres Etats vont bientôt suivre l’exemple anglais avec des résultats similaires. En Suisse, les entreprises impliquées sont Louis Dreyfus, Paul Reinhart et Ecom Agroindustrial. Deux rapports (l’un concernant les discussions avec Louis Dreyfus, l’autre celles avec Ecom Agroindustrial) sont consultables sur le site internet du PCN suisse. L’organisation ECCHR a rencontré une fois Ecom Agroindustrial en septembre, puis, en novembre, l'entreprise Louis Dreyfus. A chaque fois, ces échanges de points de vue se sont déroulés avec un médiateur.

Il y a toutefois peu d’informations concrètes dans ces rapports sur les mesures discutées. Les participants s’accordent simplement sur le fait que la problématique du travail forcé des enfants en Ouzbékistan existe et qu’elle est à prendre au sérieux. Ils se sont notamment entretenus sur le rôle des entreprises, des ONG et des gouvernements. Ils sont arrivés à la conclusion que les entreprises portent une responsabilité et doivent entreprendre des démarches, avec leurs moyens, pour améliorer la situation du travail en Ouzbékistan. Les deux parties ont discuté d’autres initiatives qui devraient produire des changements positifs au niveau du travail forcé des enfants, sans que celles-ci soient concrètement exposées dans les rapports.

Sources