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Le paysage religieux en Suisse

Le paysage religieux suisse est très riche et diversifié. Rien que dans la région de Bâle, on compte plus de 400 communautés, institutions et offres religieuses et non confessionnelles. En 2020, 70% de la population résidante de manière permanente en Suisse a déclaré appartenir à une communauté religieuse.

Ces personnes déclarent pour la majorité appartenir à des courants de la foi chrétienne. Entre 2018 et 2020, plus d'un tiers de la population résidant de manière permanente en Suisse faisait partie de l'Eglise catholique romaine (34,4%), suivie des personnes sans appartenance religieuse (29,4%), des membres des Eglises évangéliques réformées (22,5%) et des membres des communautés musulmanes et issues de l'islam (5,4%). Viennent ensuite diverses petites églises et mouvements chrétiens (5,7%). Moins de 1% de la population suisse fait par ailleurs partie de communautés juives (0,2%), bouddhistes (0,5%) et hindouistes (0,6%). L'appartenance religieuse formelle indiquée par les personnes ayant participé à l'enquête ne dit cependant rien de leur pratique religieuse ou du fait qu'elles se considèrent elles-mêmes comme des personnes religieuses ou non.

Eglise catholique romaine

Lors du relevé structurel de 2020, la plupart des personnes résidant en Suisse appartiennent à l'Eglise catholique romaine, soit 34,4%. Au cours des cinquante dernières années, ce chiffre a diminué d'un peu plus de 10%, ce qui signifie que l'Eglise catholique romaine enregistre une baisse moins importante de ses membres que les Eglises nationales évangéliques réformées.

En Suisse, l'Eglise catholique romaine est organisée de manière duale. Membre de l'Eglise du Monde, elle est divisée en six diocèses qui dépassent les frontières cantonales et s'orientent sur le droit canonique. L'Eglise catholique romaine est reconnue juridiquement en tant qu’institution de droit public dans toute la Suisse à l'exception des cantons de Genève et Neuchâtel, dans lesquels elle est une association de droit civil. Les organisations ecclésiastiques cantonales sont représentées au sein de la Conférence centrale catholique romaine de Suisse (RKZ).

Église évangélique réformée

Au cours des cinquante dernières années, le nombre de membres des Eglises évangéliques réformées a diminué de moitié et ne constituait plus que 22,5% de la population résidante permanente de la Suisse en 2020.

Les Eglises évangéliques réformées de Suisse se composent d'environ 900 paroisses organisées de manière démocratique et indépendantes sur le plan financier. En tant qu’organisations faîtières cantonales pour les paroisses, les Eglises nationales réformées jouissent d'une reconnaissance juridique en tant qu’institutions de droit public dans tous les cantons, à l'exception de Genève et de Neuchâtel où elles sont reconnues publiquement. Elles sont réunies au sein de l'Église évangélique suisse EKS avec l'Église évangélique méthodiste.

Église catholique chrétienne

L'Eglise catholique-chrétienne de la Suisse regroupe 0,1% de la population résidante permanente de Suisse. Elle se compose de 31 paroisses et est organisée en cinq Eglises nationales et trois associations régionales de paroisses. Elle bénéficie d'un statut juridique d’institutions de droit public dans neuf cantons et d'une reconnaissance publique dans deux cantons.

Petites communautés religieuses chrétiennes

En plus des deux grandes Eglises nationales, 5,7% de la population résidante permanente suisse appartient à d'autres communautés chrétiennes (2020), composée d’une grande variété d'églises orthodoxes, d'autres églises chrétiennes orientales, d'églises évangéliques luthériennes ainsi que d'autres églises remontant à la Réforme. Les communautés chrétiennes internationales, anglicanes, catholiques-chrétiennes et chrétiennes-oecuméniques en font par ailleurs partie.

En 2020, 1,5% de la population résidante permanente en Suisse appartenait à des communautés évangéliques et à des églises libres. Il s'agit d'églises évangéliques libres régionales, d'églises évangéliques internationales, d'églises baptistes, anabaptistes, méthodistes, salutistes, charismatiques, adventistes, pentecôtistes, messianiques et adventistes. Les églises libres représentent environ 600 églises en Suisse, dont la plupart sont réunies au sein du Réseau évangélique suisse.

Islam

Le nombre de membres de communautés musulmanes ou issues de l'islam a augmenté au cours des 50 dernières années pour atteindre 5,4 % (2020). Les statistiques recensent les communautés sunnites, chiites, soufies et alévies qui sont représentées en Suisse.

Aucune des communautés musulmanes ne bénéficie d’une reconnaissance juridique en tant qu’institution de droit public en Suisse, raison pour laquelle elles sont organisées en tant qu'associations selon des critères culturels, nationaux, linguistiques ou politiques. Il n'existe pas d'association faîtière d'associations musulmanes généralement reconnue au niveau suisse, mais plusieurs petites associations faîtières et organisations telles que la Fédération des organisations islamiques faîtières en Suisse (FIOS), la Coordination des organisations islamiques de Suisse KIOS, le Forum pour un islam progressiste et diverses associations régionales. Le Conseil central islamique suisse, qui est également une association, régulièrement critiquée ces dernières années dans les médias et par les communautés musulmanes pour ses positions parfois radicales.

Alévitisme

Les membres des communautés alévies sont comptabilisés dans les statistiques parmi les 5,4% des communautés musulmanes et issues de l'islam (2020). Il n'est pas tenu compte du fait que les personnes de confession alévite se considèrent comme une communauté religieuse à part entière. Dans le canton de Bâle-Ville, les deux associations alévies «Kulturvereinigung der Aleviten und Bektaschi Basel» et «Alevitisches Kulturzentrum Regio Basel» sont reconnues juridiquement en tant qu’institutions de droit public. Les associations alévies sont ainsi, à l'échelle de la Suisse, les seules associations reconnues publiquement jusqu'à présent en dehors des associations judéo-chrétiennes.

Hindouisme

En 2020, 0,6% de la population résidante permanente en Suisse a déclaré appartenir à des associations hindouistes. L'hindouisme est un terme générique désignant différentes traditions et groupes religieux qui se sont formés dans l'espace sud-asiatique. Outre les temples traditionnels, il existe en Suisse différents groupes et courants néo-hindous, comme la communauté Krishna à Zurich, le Divine Light Zentrum à Winterthour ainsi que d'autres groupes plus petits. Certains temples et communautés se sont regroupés au sein de l'Association faîtière suisse de l'hindouisme (SDH). Les organisations hindoues ne sont reconnues officiellement dans aucun canton.

Bouddhisme

Le bouddhisme connaît différentes formes sociales en Suisse. Il est toutefois difficile de recenser le nombre réel de personnes ayant des pratiques bouddhistes, car la plupart des associations bouddhistes n'ont pas d'affiliation formelle. Selon une étude de l'université de Lucerne, environ un quart de million de personnes se sentent appartenir au bouddhisme en Suisse, alors qu'en 2020, 0,5 % de la population résidante suisse déclarait appartenir à des associations bouddhistes.

Il existe en Suisse une grande diversité de monastères bouddhistes, de centres, de maisons de congrès et de groupes locaux. Ils reflètent différentes écoles bouddhistes, traditions et régions d'origine nationale et culturelle. Les traditions bouddhistes tibétaines et les groupes bouddhistes mahayana, dont fait également partie le bouddhisme zen, sont les plus répandus. L'Union bouddhiste suisse est l'organisation faîtière de nombreux centres, groupes et associations bouddhistes en Suisse.

Judaïsme

En Suisse, environ 0,2 pour cent de la population résidente permanente est de confession juive (2020). Il existe différents courants au sein du judaïsme, comme le judaïsme (ultra) orthodoxe, le judaïsme orthodoxe moderne ou le judaïsme réformé, qui sont tous représentés en Suisse. La majeure partie des juif·ve·x·s de Suisse vit dans des villes et est organisée en communautés unitaires. La Fédération suisse des communautés israélites FSCI est la plus grande organisation faîtière juive de Suisse et regroupe 16 communautés orthodoxes et libérales. Il existe en outre la Plateforme des Juifs Libéraux de Suisse PJLS, fondée par deux communautés libérales et qui se considère comme l'organisation faîtière des communautés juives libérales de Suisse.

Les communautés juives bénéficient d’un statut de droit public dans quatre cantons et sont reconnues juridiquement en tant qu’institution de droit public dans deux cantons. Les communautés juives sont donc, avec les communautés chrétiennes, les seules à bénéficier d'une reconnaissance en tant qu’institution de droit public en Suisse. Les privilèges juridiques qui en découlent sont toutefois peu utilisés et les domaines concernés sont principalement organisés de manière privée. Ainsi, seules les communautés des cantons de Fribourg et de Bâle-Ville font usage du droit de prélever des impôts auprès de leurs membres. De nombreuses communautés juives avaient déjà le droit d'assurer une aumônerie dans les institutions publiques, mais ce droit a été institutionnalisé par la reconnaissance. Les cimetières juifs et l'enseignement religieux sont gérés par la communauté juive.

Autres communautés religieuses et nouveaux mouvements religieux

Selon l'Office fédéral de la statistique, 0,2 % de la population suisse appartient à d'autres communautés religieuses (2020), telles que les communautés sikhs, les bahá‘í, le zoroastrisme, les yézidis, et d'autres encore.

En outre, il existe en Suisse une multitude de nouveaux mouvements religieux. Ce terme générique désigne diverses nouvelles communautés, mouvements, pratiques et offres religieuses, spirituelles et idéologiques qui ont vu le jour aux 19e et 20e siècles. Les nouveaux mouvements religieux se définissent en partie comme des communautés religieuses entièrement nouvelles, comme une réforme d'une communauté religieuse traditionnelle ou comme non religieuses, raison pour laquelle tous les membres des nouveaux mouvements religieux ne sont pas recensés dans les statistiques.

Les nouveaux mouvements religieux ont des pratiques très variées, mais on constate souvent une focalisation sur l'individu et un lien avec des expériences de révélation et la guérison spirituelle individuelle. Les techniques corporelles visant à promouvoir la santé peuvent également être classées dans ce large éventail. Les nouveaux mouvements religieux sont plus ou moins institutionnalisés et vont de réseaux assez libres à des groupes très structurés. Dans le langage courant, les nouveaux mouvements religieux les plus organisés sont appelés «sectes». Il s'agit toujours d'une désignation exogène dont la connotation est négative. Il n'existe pas de définition universelle de ce terme, ni de caractéristiques contraignantes permettant de définir une «secte», ce qui rend le terme très flou et dont l’utilisation est délicate. En outre, les nouveaux mouvements religieux peuvent également être décrits dans le langage courant par les termes «ésotérisme», «new age», «spiritualisme» ou «spiritualité».

La scientologie, les Témoins de Jéhovah, la Science de la spiritualité, ainsi que les pratiquants du mouvement Osho, de l'Avatar Training, du Yamagishi ou du néo-chamanisme sont des exemples de nouveaux mouvements religieux actifs en Suisse.

Personnes sans appartenance religieuse

Le nombre de personnes sans appartenance religieuse formelle a fortement augmenté au cours des 50 dernières années et représentait en 2020 environ 30% de la population résidante permanente de la Suisse. L'absence d'appartenance religieuse formelle ne permet toutefois pas de savoir si une personne vit sa religiosité ou sa spiritualité sous une autre forme. Parmi les personnes sans appartenance religieuse, 30 pour cent croient en une puissance supérieure. Un tiers des personnes qui déclarent ne pas appartenir à une religion se considèrent comme spirituelles. Un quart de la population résidante en Suisse s'adonne à des pratiques spirituelles, par exemple des techniques de mouvement et de respiration comme le yoga, le tai-chi ou le qigong. Quarante pour cent de la population a pratiqué la méditation au cours de l'année écoulée.

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