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Initiative pour l\'autodétermination

Ministre suisse de la justice contre les droits humains internationaux

10.11.2007

Les propos tenus par le conseiller fédéral Christoph Blocher à l’occasion du 1er août 2007, une véritable mise en garde contre le droit international, les juges étrangers et les baillis, se sont développés – conformément à la volonté de leur initiateur - en un débat de fond sur l’importance des arguments liés à la défense des droits humains dans la politique suisse.

Ce dont il ne n’est pas question

Une lecture rapide du discours donnerait à penser que l’objectif de Blocher est un dénigrement général du droit international au profit de la démocratie directe. Il n’en n’est rien : ainsi, il ne viendrait pas à l’esprit du ministre de la justice de mettre en doute le droit commercial international. C’est donc d’un aspect relativement restreint du droit international qu’il critique, soit la protection internationale des droits humains.

On sous-estimerait également Blocher en percevant sa critique comme paquet total contre les droits humains internationaux, ou une manœuvre radicale comme le retrait de la Convention européenne des droits de l’homme – qui conviendrait peu à un ministre de la justice. Non, la provocation du ministre s’apparente plus à l’une des ses manigances populistes.

Le but derrière la provocation

Il l’a ouvertement exprimé lui-même lors de son apparition télévisée du 15 août 2007 (Rundschau) : Blocher vise l’affaiblissement de principe des arguments liés à la défense des droits humains dans les processus d’établissement des lois et de leurs applications. Sa façon de tirer dans ses rangs en parlant par exemple de corporation élitaire des professeurs de droits est d’un populisme flagrant et peu digne d’un ministre de la justice.

Deux façons d’atteindre le but

Une première méthode consiste en l’affaiblissement systématique de la force normative de tout argument relevant des droits humains par la diffamation systématique de cette argumentation : on polémique que le droit international est un « produit du pouvoir » et que ses experts sont des « baillis étrangers ». Ces mises en gardes préparent le terrain aux préoccupations propres à l’UDC.

L’autre méthode est de type institutionnel : la perception que donne Blocher du droit international comme limitatif, retreignant la liberté et empiétant sur les lois approuvées par le peuple souverain fausse la réalité. Ce droit aussi crée des espaces de liberté et apporte la sécurité – c’est au droit international que la Suisse existe en tant qu’Etat, rappelle Heinrich Koller, ancien chef de l’OFJ.

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