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Crimes d’honneur : implications pour la Suisse

23.05.2009

 

Cinq mille femmes et filles sont tuées chaque année par leurs proches pour ce que l'on appelle crimes "d'honneur". Ce chiffre cité par les maigres statistiques de l’ONU ne représente certainement que la pointe de l’iceberg. Combien de personnes sont concernées en Suisse ? Le 4 avril 2009, un colloque sur cette thématique a été organisé pour la première fois en Suisse. Une campagne internationale est en cours.

Perception de l’honneur sali

Amnesty International définit le crime d’honneur comme étant un crime commis contre des femmes au nom de l'honneur, et qui constitue un ensemble de violences - dont le meurtre en est la forme la plus extrême - infligées aux femmes par les membres de leurs familles. Pour ces derniers, il s'agit de les punir pour une relation illicite, réelle ou supposée et/ou un "comportement immoral" : cela va d’un fait insignifiant qu’une simple discussion avec un voisin de sexe masculin, jusqu’au viol de la femme. Ces familles estiment devoir sauver leur "honneur" en punissant la coupable; ce crime s'apparentant étroitement à la "vengeance dans le sang". Ces pratiques s’exercent notamment en Turquie, au Pakistan ou en Jordanie, mais aussi en Europe où l'on constate cette pratique au sein de certaines communautés immigrées. En Belgique par exemple, une étude de la police nationale indique qu’un crime d’honneur est commis tous les quatre mois. Souvent, ces crimes restent impunis.

« Pas chez nous »

« Les crimes d’honneur n’ont pas lieu chez nous, estime Fabienne Bugnon, directrice de l’Office des droits humains de Genève. Il y a des jeunes filles qui partent en vacances et qui ne reviennent jamais. » À l’occasion du colloque du 4 avril, qu’il soutenait, l’Office des droits humains annonçait une campagne de sensibilisation aux crimes d’honneur et aux mariages forcés, à l’attention du public, mais aussi des professionnels (infirmiers, travailleurs sociaux, enseignants).

Engagement de la Suisse

Le Comité de l'ONU pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes  (CEDAW/CEDEF) a recommandé à la Suisse de s'occuper de ses femmes migrantes, poursuit Fabienne Bugnon. Mais « en matière d'asile, si une femme est menacée de crime d'honneur, elle peut être renvoyée chez elle faute de preuves», explique Fabienne Bugnon. Et la preuve est difficile à acquérir depuis la Suisse : « c'est que lorsque la preuve est là, il est trop tard », ajoute Anne-Marie von Arx Vernon, directrice du Centre genevois d’accueil pour femme. Selon l’ODM, ces femmes peuvent être renvoyées chez elles si des réseaux sociaux existent sur place. La pratique genevoise montre qu’il est cependant difficile de les protéger.

Pour Anne-Marie von Arx Vernon, il faut un changement de loi afin que les femmes menacées de crimes d’honneur ou de mariages forcés soient reconnues comme victimes de la traite d’humains, et puissent ainsi bénéficier de la protection de la justice et de la police. Le code pénal suisse protège les femmes et les hommes qui se trouvent dans notre pays quelle que soient leur origine et interdit déjà ces pratiques; de plus le meutre, même d'honneur, est déjà réprimé par le code pénal.C'est pourqoi le Conseil fédéral n'est pas enclin à légiférer. 

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