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Qu’est-ce qui cloche dans le domaine de l’asile ? un appel aux autorités

29.05.2007

Un médecin bâlois rencontre dans sa pratique un requérant d’asile afghan et le suit pendant plusieurs années. L’homme travaille et vit dignement, jusqu’au jour où, suite à son recours auprès du Tribunal fédéral administratif, les autorités lui retirent son permis de travail. Pour survivre, il est forcé de s’inscrire à l’aide d’urgence et perds tous ses acquis, y compris une santé fragile. Le médecin, Leonhard Schmid, prend connaissance de la procédure d’asile concernant son patient X et son incompréhension croissante le mène à l’indignation : il se décide, comme Suisse, à lancer un appel aux juges du Tribunal fédéral administratif. S’il s’agit là d’un cas particulier, qui montre de façon exemplaire l’absurdité du droit d’asile suisse qui a fait perdre la santé et les espoirs d’un homme digne et intégré bien que déjà profondément marqué à son arrivée en Suisse.

Nous documentons la lettre ouverte en version pdf aussi bien qu’en version html. Ecrite en allemand, nous en résumons librement son contenu de l’appel.

Appel à la raison et à l’humanité

(Résumé libre de la letter ouverte, dont est responsable la rédaction)
Monsieur X est venu en Suisse il y a plus de 5 ans et depuis 6 mois, il attend la réponse du Tribunal fédéral administratif (TFA) concernant sa demande de révision du jugement prononcé par la Commission de recours en matière d’asile qui avait confirmé son renvoi. Alors qu’il travaillait dans un atelier de couture et subvenait à ses besoins, il a été forcé de quitter son travail et devenir dépendant de l’aide d’urgence, soit dix francs par jour. Il a dû quitter son appartement pour un logement d’urgence et, lui qui n’avait aucune dette, a dû s’endetter – notamment de 1200 francs pour son recours au TFA. A ce jour, explique Dr. Schmid, Monsieur X a coûté 5'400.- francs à la collectivité alors qu’il contribuait à cette même collectivité (impôts) avant que son permis de travail lui soit retiré. Et cela pour un temps indéterminé, dans la mesure où les renvois forcés ne sont actuellement pas autorisés vers l’Afghanistan. Pourtant, malgré son histoire complexe de combattant issu d’une minorité particulièrement réprimée (son village d’origine a été rasé), les autorités estiment qu’il doit rentrer dans le pays qu’il a fui en 2001. Il y a laissé sa femme et cinq enfants – son épouse et sa fille aînée sont décédées dans l’explosion d’une mine anti-personnelle il y a deux et demi, son fils a disparu sur le chemin de l’école il y a 6 mois, un neveu a été tué peu après son retour de Londres à Kaboul, et ses trois enfants mineurs ont été emmené par sa belle-sœur dans un endroit qui lui est inconnu. Comment s’étonner que Monsieur X, qui souffrait de symptômes liés aux stress post et para-traumatiques ne tombe sous le coup d’un épisode de dépression ? Les coûts d’un traitement psychiatrique effectué avec succès s’ajoutent aux frais que la collectivité aurait pu s’épargner. C’est en raison de cette spirale que, Suisse honteux de ses autorités, conscient de la responsabilité de son pays portée dans le destin de Monsieur X, le Dr. Schmid a souhaité s’exprimer.

Coordonnées:  

Dr. med. Leonhard Schmid
Facharzt FMH für Innere Medizin
leonhardschmid at bluewin dot ch