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Un groupe de travail de l'ONU dénonce le déni du racisme anti-Noir·e·s en Suisse

03.03.2022

Après sa visite, le groupe de travail d'expert·e·s de l'ONU sur les personnes d'ascendance africaine s'inquiète de la forte propagation du racisme anti-Noir·e·s et de la situation relative aux droits humains des personnes d'ascendance africaine en Suisse. Elle appelle à une action urgente et renvoie à cet égard au rôle essentiel de l'institution nationale des droits humains en cours de création.

Trois membres du groupe de travail d'expert·e·s des Nations Unies sur les personnes d'ascendance africaine ont effectué une visite de la Suisse pendant neuf jours en janvier 2022, à l'invitation du gouvernement suisse. Le groupe de travail a pour objectif d'évaluer les actes racistes et relevant de la discrimination raciale et de la xénophobie envers les personnes d'ascendance africaine en dehors du continent africain, ainsi que de formuler des recommandations pour les endiguer. La délégation de l'ONU a visité les villes de Berne, Lausanne, Genève et Zurich ainsi que l'établissement pénitentiaire de Pöschwies à Zurich et le Centre de la Blécherette de la police cantonale vaudoise. Elle a également rencontré des représentant·e·s du gouvernement, des institutions nationales et de la société civile.

Dans un communiqué de presse, le groupe de travail constate que les stéréotypes racistes et la discrimination sont omniprésents en Suisse et que les personnes d'ascendance africaine nées en Suisse ou naturalisées sont perçues comme «étrangères» dans leur propre pays. Les lacunes en matière de la lutte contre le racisme sont particulièrement marquées dans les domaines de la police, de la santé et de l'éducation, relevant de la compétence des cantons. La Suisse ne collecte toujours pas encore de données ventilées sur l’appartenance à des groupes particulièrement susceptibles d’être victimes de racisme., et ne dispose pas non plus de données en matière de racisme et de profilage racial, ce qui rend la visibilité et la lutte contre ce problème très difficiles. Le groupe de travail recommande donc à la Suisse d'introduire la collecte de ces données.

Selon les expert·e·s, la situation en Suisse est particulièrement problématique dans le cadre du travail de la police, de la justice et de l'exécution des peines: le profilage racial des personnes d'ascendance africaine est très répandu en Suisse et les victimes sont confrontées à différents obstacles en matière d'accès à la justice. Le groupe de travail fait en outre état de violences policières et de comportements répréhensibles de la part de la police. Il recommande vivement de renforcer l'indépendance des autorités d'enquête dans les cas de violences policières afin de garantir un traitement équitable de ces incidents. En outre, une interdiction du profilage racial devrait être introduite en Suisse. Le groupe de travail s’est montré particulièrement touché par le traitement réservé à Brian K. Il y voit un exemple dramatique de racisme systémique, qui se manifeste par des sanctions extrêmes de jeunes gens d'ascendance africaine.

La Suisse doit également fournir des efforts supplémentaires en ce qui concerne la santé des personnes d'ascendance africaine. En raison de la confrontation constante au racisme dans leur vie quotidienne, les personnes d'ascendance africaine sont exposées à un stress physique et psychique accru. Le groupe de travail recommande à la Suisse d'organiser des formations afin de sensibiliser le personnel médical aux effets du racisme systémique dans le domaine de la santé et de leur donner les outils pour y remédier. De plus, il convient d'informer davantage sur les maladies qui touchent spécifiquement les personnes d'ascendance africaine qui ne bénéficient toujours pas d’une attention suffisante au sein du système de soins.

Dans le domaine de l'éducation également, les expert·e·s font état de nombreux cas de discrimination raciale et de comportements inappropriés envers les enfants et les jeunes. Celles/ceux-ci sont exposé·e·s à des stéréotypes racistes et aux suppositions qui en découlent quant à leurs capacités. Le groupe de travail s'accorde à dire qu'il est urgent de sensibiliser les professionnel·le·s de l'éducation et de réviser les programmes scolaires. En outre, les personnes d'ascendance africaine sont généralement sous-représentées dans de nombreux domaines de la société suisse, tels que l'éducation et les postes à responsabilité. Des mesures doivent être prises pour remédier à cette situation.

Le rapport officiel final du groupe d'expert·e·s sera publié en septembre 2022.

contact

Gina Vega
Responsable de l'antenne discrimination & racisme

gina.vega@humanrights.ch
031 302 01 61
Jours de présence au bureau: Ma/Je

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