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Un projet pour changer les mentalités en matière de violence éducative

06.07.2017

En Suisse, la violence et les punitions infligées à titre éducatif dans le cadre familial ne font plus partie des droits rattachés à l’autorité parentale depuis 1978 et ont d’ailleurs été interdites dans le milieu scolaire. La société civile, tout comme divers organes internationaux, attendent désormais de voir cette interdiction s’étendre au domaine privé, pour l’instant en vain (voir notre article sur le suivi parlementaire).

En attendant, certaines organisations procèdent à un travail de sensibilisation afin de démontrer que les fessées, les gifles et les violences verbales s’insèrent dans un cycle de violence et sont contraires au bien de l’enfant. Le projet «Pas d’Claques» mis en place par NCBI Suisse depuis 2013 s’inscrit dans cette optique.

Prévention grâce au projet «Pas d’claques»

L’association NCBI, fondée en 1995 pour favoriser la résolution de conflit et lutter contre les préjugés, a ainsi créé le projet «Pas d’claques», en Suisse allemande d’abord (2013) puis également en Suisse romande (2015). Un projet qui fait écho à l’article 42 de la Convention des droits de l’enfant qui engage les états parties «à faire largement connaître les principes et les dispositions de la Convention, par des moyens actifs et appropriés, aux adultes comme aux enfants».

L’équipe de NCBI dispense dans les classes des écoles un programme de sensibilisation, de prévention et d’information au sujet de la violence éducative ordinaire. Le projet «Pas d’Claques» cible les écoliers de plus de dix ans. Par leur présence dans les classes, les animateurs veulent fournir aux élèves une connaissance approfondie de la thématique des châtiments corporels, ainsi qu’un cadre de compréhension et d’action face à cette problématique souvent peu abordée.

Ateliers

Il s’agit tout d’abord d’un atelier de sensibilisation qui a lieu en classe pour faire reconnaitre aux enfants les cas de violences corporelles et les informer de ce que dit la loi sur le sujet. Cela fonctionne par le biais de témoignages et de jeux. S’ensuit une appropriation de la thématique par les élèves qui effectuent des entretiens sur le sujet, par exemple avec leurs proches. Ils créent ensuite des dépliants et objets publicitaires sur le sujet. L’intervention se termine par une manifestation locale qui peut prendre diverses formes au gré des envies des enfants, mais dont l’objectif est toujours de partager cette nouvelle connaissance et de sensibiliser un plus grand public à cette thématique.

Créer des multiplicateurs

Car le but de ce projet est de créer des multiplicateurs capables de favoriser le changement et d’étendre la communication au-delà des groupes initialement ciblés. Autrement dit, les jeunes au fait de la loi et de leurs droits vont développer une capacité à reconnaitre les punitions corporelles et pourront réagir si eux-mêmes ou l’un de leurs proches en est victime. Ils en parleront également autour d’eux, au sein de leur famille et auprès des autres enfants, créant ainsi l’effet «tâche d’huile» propice à un changement de mentalité.

D’après NCBI, la démarche du projet «Pas d’Claques» est d’autant plus importante qu’il existe un vide juridique autour des victimes de punitions corporelles. Soumises à la tutelle de leur parent ils n’ont pas la possibilité légale de se plaindre officiellement de ce type de punition. Ceci limite leur possibilité d’action et de réaction. Il est ainsi primordial de leur fournir les outils nécessaires pour réaliser que subir des punitions corporelles n’est ni normal ni anodin et se sentir soutenus et valorisés lors de telles situations.

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