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Humanrights.ch retire sa plainte à cause de propos racistes

24.09.2009

Le 21 septembre 2009, Humanrights.ch a déposé plainte auprès du ministère public du canton d'Appenzell Rhodes-Extérieures en raison de propos racistes et choquants exprimés devant la caméra de la télévision alémanique. Dans l'opinion de l'organisation de défense des droits humains, c'est là l'interdiction pénale de discrimination raciale qui a été violée. Le dépôt de cette plainte vise en premier lieu à inciter une réflexion fondamentale sur la relation entre l'interdiction de discriminer racialement et la liberté d'expression. Le 23 septembre, suite à la "forte pression" subie, des excuses ont été présentées, et le lendemain, Humanrights.ch a décidé de retirer sa plainte.

Dérive d'une chanson grivoise

Lors de la fête de lutte suisse au Schwägalp (AR) du 16 août 2009, la télévision suisse-alémanique retransmettait  une chanson grivoise entonnée par le chœur des jodleurs d'Urnäsch juste avant de consommer ensemble le traditionnel tabac à priser. Elle se concluait par les propos que l'on peut résumer ainsi:  "quand la Bible dit qu'il faut aimer son ennemi, elle pense au tabac à sniffer et non pas à ces satanés Yougos".  Peu après la diffusion de l'émission, un téléspectateur alertait l'ombudsman de la SSR. Urs Leutert, chef des sports de la télévision alémanique s'est excusé et a qualifié la séquence diffusée par erreur comme "obscène, vulgaire et xénophobe". Pour les jodleurs en revanche, il s'agissait "simplement d'un dicton". Le président des jodleurs d'Urnäsch se refuse d'interdire de tels propos, estimant qu'ils font partie de la liberté d'expression.

Excuses présentées, plainte retirée

Le 23 septembre 2009, lendemain de la publication du communiqué aux medias de Humanrights.ch, la télévision suisse-alémanique a filmé les excuses publiques du président du chœur d'Urnäsch en présence de tous les jodleurs. Officiellement, le chœur regrette que les propos aient blessé certaines personnes. Pourtant, l'incompréhension devant la force de réaction face à ces propos subsistent, et les choristes admettent regretter, non pas les propos racistes en tant que tels, mais le fait qu'ils aient été filmés et retransmis. La speakerine rappelle que la TV alémanique avait immédiatement présenté ses excuses. Le lendemain, Humanrights.ch a décidé de retirer sa plainte

Des limites de la liberté d'expression

Par l'intermédiaire de cette plainte, Humanrights.ch cherchait à définir plus clairement où se situent les limites de la liberté d'expression. Ces limites commencent là où, selon une convention publique, qu'elle soit formelle ou implicite, toute personne ne jouirait plus, à cause de son origine ethnique, sa religion ou de la race qui lui est attribuée, de ses droits au même titre que les autres. De plus, Humanrights.ch souligne dans son communiqué aux médias du 22 septembre 2009, qu'un engagement pour une garantie de non-discrimination des droits fondamentaux n'est pas seulement conseillé légalement, mais il est aussi le dernier garant d'une cohésion sociale durable dans notre pays et d' une intégration efficace des étrangères et étrangers.

Suite au retrait de la plainte, Humanrights.ch rappelle dans son communiqué de 24 septembre, que si la liberté d'expression est un élément indispensable de l'épanouissement humain, ainsi qu'un des fondements de toute communauté démocratique, elle n'est toutefois pas absolue. Et de rappeler que la Cour européenne des droits de l'homme a établi que toute communication doit être portée par un minimum d'égard et de tolérance mutuels.

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