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Moins de requérants, mais plus de clandestins

25.11.2005

Depuis la mise en application de l’arrêt des prestations sociales pour les requérants d’asile ayant reçu un statut de non entrée en matière (NEM), le nombre de personnes séjournant illégalement en Suisse a augmenté. Des mouvements de proximité s’organisent, la société civile se mobilise.

Une ville réagit : Lausanne

Face à la politique actuelle du gouvernement fédéral en matière d’asile, la ville de Lausanne a réagi en juillet 2004 en signant la Charte européenne des droits de l’homme dans la ville, ainsi qu’en annonçant son intention ferme d’adhérer à la Coalition européenne des villes contre le racisme, lancée par l’UNESCO en 2004. Par ces actes, la Municipalité souligne sa volonté de décliner à l’échelon communal quelques uns des droits humains fondamentaux et de les traduire en actes. Ainsi, les étrangers dépourvus d’autorisation de séjour en Suisse et vivant dans des conditions particulièrement précaires peuvent à Lausanne, grâce à l’engagement de la ville, accéder aux prestations sauvegardant la dignité humaine telles qu’un toit dans les situations d’urgence, une nourriture convenable, l’accès à des prestations sanitaires et à l’éducation.

  • Bulletin d’information de l’ODM en collaboration avec la Conférence suisse des délégués communaux, régionaux et cantonaux à l’intégration, édition 3-05, extrait (pdf, 3 p.)

Le canton de Vaud a fait parler de lui avec l’affaire du « groupe des 523 », du nombre de personnes requérantes d'asile présentées par le canton aux autorités fédérales en avril 2004. Suite à une motion votée le 5 juillet 2005 par le Grand Conseil et demandant au Conseil d'Etat de renoncer à appliquer des mesures de contrainte, une bataille juridique oppose les autorités cantonales et communales, qui, suite à une prise de position du Conseil d’Etat vaudois, pourrait aller jusqu’au Tribunal fédéral.

Une région réagit : St-Gall

Depuis l’automne 2004, environ 800 citoyens et citoyennes de l’Est de la Suisse se sont regroupés en un mouvement de base, le Réseau de solidarité de Suisse orientale, « par réaction contre la politique suisse de migration et d’asile des dernières années », écrit Andreas Nufer-Siqueira du groupe de coordination. Le récit de cette solidarité est rapportée dans l’introduction du livre de Michel Walther, paru en novembre 2005 aux éditions rex verlag luzern et intitulé « Et ce sont des personnes en fuite : douze biographies de requérants d’asile avec une décision de ‘Non-entrée en matière’ (NEM) ». Celui-ci, dont le fil rouge est en allemand, contient des textes en français, en anglais et en espagnol, rapportant les mots des requérants écoutés avec attention.

Les œuvres d’entraide et ONG sont contraintes de suppléer à l’Etat

Réunissant des représentants de la recherche et des organisations non gouvernementales (ONG), une table ronde organisée par la Croix Rouge Suisse (CRS) avait le 18 octobre 2005 vivement critiqué le durcissement de la politique d’asile et s’était inquiété de la protection des sans-papiers et des requérants d’asile. Ouvert par la question du prof. Jörg Paul Müller « Quelle quantité de mal-être l’Etat peut-il infliger intentionnellement à une personne afin qu’elle divulgue son identité ou quitte la Suisse ? », le débat s’est porté sur la nécessité de défendre, en toutes circonstances, les droits fondamentaux des personnes vulnérables.