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La Suisse siègera au Conseil des droits humains

12.05.2006

Le 9 mai 2006, l’Assemblée générale de l’ONU à New York a élu la Suisse au sein du nouveau Conseil des droits humain par 140 voix sur 191. Le tirage au sort a voulu qu’elle soit parmi les pays à siéger 3 ans, plutôt que 1 ou 2 ans, ceci permettant à l’institution de mêler la permanence au renouvellement. Comme premiers membres, la Suisse et les 46 autres états élus, dont certains controversés comme la Chine, l’Arabie Saoudite, Cuba ou la Russie, devront mettre en place les mécanismes de fonctionnement du nouvel organe, La première session est prévue à partir du 19 juin à Genève.

Les autres pays du groupe «Europe occidentale et autres états» sont la France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, la Finlande, les Pays-Bas et le Canada. Septiques, les Etats-Unis ne s’étaient pas portés candidats. Les candidats non élus cette année sont la Grèce et le Portugal.

Diplomatie helvétique couronnée

Pour la diplomatie helvétique, il s’agit là d’un succès. Pour le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), «cette élection marque la reconnaissance de l’engagement suisse en faveur des droit humains en général, et des efforts déployés pour la création du nouveau Conseil». Peter Maurer, ambassadeur de la Suisse à l’ONU confie à Swissinfo qu’ «il s’agit sans aucun doute de l’une des élections les plus importantes pour la Suisse au sein d’un organe des Nations Unies depuis l’entrée de notre pays à l’ONU en 2002».

«Les droits humains ont toujours été une priorité de notre politique étrangère, et l’élection de la Suisse apporte une crédibilité supplémentaire à cette politique» se félicitait mercredi la Ministre des affaires étrangères Micheline Calmy-Rey ne cachait pas sa satisfaction. Le défi du nouveau Conseil, ajoute-t-elle, est de marquer une rupture avec l’ancienne Commission, aujourd’hui discréditée. Elle entend également promouvoir le dialogue plutôt que la confrontation avec des pays accusés par les ONG de ne pas respecter les droits humains. Elle également promis de mettre à disposition des locaux à Genève.

En tant qu’Etat-hôte, la Suisse entend contribuer activement à la mise en place des mécanismes de fonctionnement du Conseil, et organisera le 15 mai à Lausanne un séminaire informel à l’intention des Etats intéressés et des experts en droits humains. La rencontre sera dirigée par Thomas Gremiger, chef de la Division politique IV du DFAE.

Réactions mitigées de la société civile

«On prend les mêmes et on recommence» - voila l’inquiétude principale exprimée par diverses ONG. Pour Human Rgiths Watch, le choix de la Russie, la Chine, l’Arabie Saoudite, Cuba ou l’Azerbaidjan est décevant. Reporter sans frontières ajoute l’Algérie, le Bangladesh, le Nigéria, le Pakistan et la Tunisie à cette liste car tous ces pays violent la liberté l’expression de façon massive. En Suisse, LOS & Pink Cross, organisation faîtière des homosexuels ont exprimé leur soucis de voir des pays homophobes comme l’Arabie Saoudite, le Nigéria, la Russie ou la Pologne faire partie des élus.

L’expert Adrien-Claude Zoller note que l’engagement de la société civile peut donner au Conseil sa crédibilité. Les conditions de la participation des ONG restent encore à définir. Il estime essentiel qu’elles puissent faire entendre leur voix dès les premières réunions du Conseil, et qu’elles arrivent avec des propositions.

L'Association suisse des droits humains / MERS, avec le Schweizerische Friedensrat, s’est également exprimée quand à l’élection de la Suisse au Conseil des droits humains, l’exhortant à mener une politique des droits humains conséquente.

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