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Analyse des incidents racistes traités par les services de consultation en 2012

17.06.2013

196 personnes d’origines très diverses, dont des Suisses et des Suissesses, ont été victimes de racisme en 2012. Ces cas ont été recensés par onze services de consultation présents un peu partout en Suisse et analysés dans le rapport 2012 du Réseau de consultations pour les victimes de racisme.

Les actes discriminatoires qui ont été signalés sont survenus dans le monde du travail, sur le marché du logement, dans l’espace public ou dans les domaines de l’école et de la formation professionnelle. Le racisme a souvent revêtu la forme de propos dénigrants, blessants ou injurieux.

Agressions physiques en hausse

«L’augmentation du nombre de cas de violence physique est particulièrement alarmante», souligne le président de humanrights.ch Jürg Schertenleib dans l’avant-propos du rapport sur les incidents racistes, qui vient d’être publié pour la cinquième année consécutive. Ce sont en tout 14 atteintes à l’intégrité corporelle qui ont été enregistrées par les services de consultations, soit 9 de plus que l’année précédente. Ces cas de violences physiques sont survenus, comme le rapport l’indique, dans des quartiers d’habitation, avec participation de la police, dans des cafés ou des restaurants ainsi que dans l’espace public. Le rapport recense d’autres incidents «particulièrement graves», dont plus d’une vingtaine de menaces ainsi que des manifestations ou rassemblements d’extrême droite.

Le Réseau de consultation pour les victimes de racisme compte à l’heure actuelle onze services. Le rapport offre un instantané de la situation, mais ne prétend en aucun cas être exhaustif, car le réseau n’englobe pas l’ensemble des services vers lesquels une victime ou un témoin d’un incident raciste peut se tourner. De plus, il y a encore des régions où il n’existe aucun service de consultation.

De nombreux cas non déclarés

«Il est frappant de constater, cette année aussi, que les cas annoncés proviennent pour l’essentiel de villes et de localités proches d’un centre de consultation, ce qui laisse entrevoir que les actes de racisme qui échappent à toute statistique sont nettement plus nombreux que ceux qui parviennent à notre connaissance, explique la directrice du projet Laura Zingale. Force est de conclure qu’en Suisse, ces actes restent pour la plupart dans l’ombre. Les centres de consultation s’aperçoivent que signaler un acte de discrimination reste une épreuve pénible pour les victimes et leurs proches.»

«Dans un monde idéal, il ne devrait pas être nécessaire de recenser les actes et manifestations racistes, explique Martine Brunschwig-Graf. Mais il n’en est rien.» Pour la présidente de la Commission fédérale contre le racisme CFR, malgré les efforts de prévention et les dispositions pénales adoptées, la Suisse n’est pas épargnée par ce phénomène malsain, souvent insidieux, toujours blessant et insultant pour celles et ceux qui en sont victimes. «Tous les actes signalés ne sont pas nécessairement racistes, mais ils sont le reflet d’un sentiment d’injustice, de discrimination, d’agression, qui doit être pris au sérieux, quelle que soit la nature des faits dénoncés.»

Reconnaissance du travail des services de consultation

L’écoute constitue un élément crucial. Cette écoute professionnelle est définie dans le rapport comme devant être de qualité, sans biais et sans dérive compassionnelle. La CFR, dont une part du mandat concerne le monitoring, se dit donc très intéressée au «développement du réseau et à la recherche d’un haut niveau de qualité dans l’activité qu’il conduit».

Le rapport fait partie de l'offre du «Réseau de consultations pour les victimes de racisme» assurée par l’association humanrights.ch et la Commission fédérale contre le racisme CFR. Le recensement des cas contribue au monitoring national de lutte contre le racisme. Le but du Réseau de consultations pour les victimes de racisme est de renforcer les structures de consultation existantes et de faciliter l'accès des victimes de discrimination raciale aux consultations professionnelles partout en Suisse.

Le Réseau de consultations constitue un pilier important du monitorage national de la discrimination raciale. Il se veut un complément d’autres inventaires du racisme qui se basent le plus souvent sur des sources différentes. Ces rapports partiels sont désormais tous rassemblés dans le «Rapport du Service de lutte contre le racisme», qui présente un tour d’horizon du racisme en Suisse. Cette synthèse est parue pour la première fois en mars 2013 et portait sur l’année 2012.

Sources

Source complémentaire