La Conférence d’Examen de Durban s’est ouverte à Genève le 20 avril 2009. Elle doit durer cinq jours, dont deux consacrés aux déclarations des haut-dignitaires, puis deux à la discussion du document final, et enfin, le vendreid 24 avril, pour l’adoption de la Déclaration finale.
Tout avait pourtant bien commencé avec les discours d’ouverture du Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, de la Haut-Commissaire aux droits de l'homme Navy Pillay et du Président du Conseil des droits de l'hommeMartin Ihoeghian Uhomoibhi. La conférence a ensuite élu à sa présidence le Kényan Amos Wako. La conférence se poursuivait l’après-midi avec les discours de 14 haut-dignitaires. Plusieurs d’entre eux ont lancé un appel « pour une mobilisation mondiale et solidaire dans la mise en oeuvre des objectifs définis en 2001 ».
Propos scandaleux à l’ONU
Premier dignitaire (et seul chef d’Etat) à prendre la parole, Président de la République islamique d'Iran, M. Mahmoud Ahmadinejad, a tenu un discours haineux contre Israël, traitant son gouvernement de régime cruel et raciste, et affirmant notamment que l’Europe et les Etats-Unis déstabilisent le reste du monde. A l’initiative de la France, les 23 pays européens présents ont quitté la salle. Des intervenants ont estimé que les propos du Président iranien allaient à l'encontre de l'esprit de la Conférence et ont invité les participants à ne pas permettre que la Conférence soit prise en otage.
Premières réactions – et la Suisse ?
« Je déplore le fait que le Président iranien se soit servi de cette plate-forme pour accuser, diviser voire inciter, a déclaré le Secrétaire général Ban Ki-moon. C’est là le contraire même de ce que cette Conférence cherche à réaliser. Cela rend plus difficile encore l’apport de solutions constructives au problème très réel du racisme. » Plusieurs haut-dignitaires ont immédiatement condamnés les propos du Président iranien.
La Suisse, de son côté, a tardé à réagir : au lundi soir, elle ne s’était toujours pas prononcée. Elle a par contre justifié le fait d’être restée présente dans la salle par le respect de la liberté d’expression. Plusieurs ONG suisses ont pris position : pour la section suisse d’Amnesty International, « le président iranien ferait mieux de mettre un terme à toutes les lois et pratiques discriminatoires en vigueur en Iran plutôt que de tenir des propos irresponsables qui nuisent à la crédibilité de l'ensemble de la Conférence ». La Fondation contre la racisme et l’antisémitisme (GRA) condamne fermement elle aussi le discours du Président iranien, mais aussi la position suisse, qui ne reflète pas sa neutralité ». Pour le secrétaire général de la CICAD, il est inconcevable qu’un tel dictateur puisse prendre la parole devant ce genre d’assemblée.
Manifestations parallèles
Une série de manifestations est organisée en marge de la conférence. Celles-ci ont pour but d’approfondir les discussions autour de la Résolution de Durban. Le Haut-commissariat a déjà préparé une liste provisoire de manifestation qu’il organise. Les ONG ont également pu organiser de telles manifestations et s'intégrer au programme.
- Organisation d’événements en marge de la Conférence d'examen de Durban (pdf, 7 p.)
Information sur le site de la Conférence
Mauvaises conditions pour les ONG
Seule une personne accréditée par ONG est autorisée à pénétrer dans la salle plénière pour suivre les débats. Les autres doivent se contenter d’une transmission vidéo dans une salle annexe, mais sans traduction – celle-ci n’ayant plus pu être organisée. Ainsi, les représentants des ONG ne comprenant pas le farsi n’ont pas pu suivre le discours du Président Ahaminejad. Cette lacune rend le travail des ONG fort difficile.
Réactions
- Déclaration du Secrétaire général de l'ONU
Communiqué de presse de l’ONU, 20 avril 2009 - Combattre le racisme avec conviction
Communiqué de presse de la section suisse d’Amnesty International, 21 avril 2009 - Réaction au discours d’Ahmadinejad: s’unir pour contrer l’antisémitisme et les appels à la haine
Communiqué de presse de la FIDH, 20 avril 2009 - Johanne Gurfinkiel, secrétaire général de la CICAD: «Un chef d’Etat qui vient à Genève tenir des propos antisémites devrait provoquer un peu plus d’indignation de la part de notre pays et de nos représentants»
Article sur la CICAD, 21 avril 2009 (plus disponible en ligne) - Intervention orale du CETIM lors de la conférence de suivi de Durban II , 22 avril 2009
Dans les médias
- Le difficile dialogue avec l'Iran à la une de la presse
Swissinfo, 21 avril 2009 - L’Iran prend en otage la Conférence sur le racisme
Le Temps, 21 avril 2009 - La Suisse a manqué de courage
La Liberté, 24 avril 2009 - «Si Obama était venu à Genève, personne n'aurait vu Ahmadinejad» (pdf, 1p.)
Le Courrier, 27 avril 2009
Information supplémentaire
- Compte rendu du matin de la séance du 20 avril 2009 (pdf, 6p)
Compte rendu de l’après-midi de la séance du 20 avril 2009 (pdf, 11p.)
Information sur le site de la Conférence