humanrights.ch Logo Icon

Négation du génocide de Srebrenica: deux organisations portent plainte

20.04.2010

Deux auteurs du journal ultranationaliste de la Ligue vaudoise La Nation qualifient le génocide serbe de Srebrenica de «pseudo- massacre». En réponse, la Société pour les peuples menacés (SPM) ainsi que TRIAL, l’association suisse contre l’impunité, ont déposé une plainte auprès de l’Office du juge d’instruction cantonal du canton de Vaud. Ils dénoncent le déni d’un génocide et de crimes contre l’humanité. Jusqu’à ce jour, la justice suisse n’avait été amenée à se prononcer sur des plaintes dénonçant le déni de génocide que dans deux cas : le génocide contre les Juifs d’Europe et celui contre les Arméniens.

Une entrave à la réconciliation

«Après les horreurs que les victimes ont subies, le déni de ces crimes est particulièrement insoutenable, et il est de nature à entraver le processus de réconciliation de l’ensemble des personnes concernées ainsi qu’à empêcher une cohabitation pacifique à l’avenir», explique Fadila Memisevic, présidente de la section Bosnie-Herzégovine de la SPM. Philip Grant, président de l’association TRIAL, indique pour sa part que les arguments avancés par les deux auteurs sont les mêmes que ceux invoqués actuellement par Radovan Karadzic au cours de son procès à La Haye. «De tels arguments nient les souffrances des victimes et disculpent les bourreaux.»

Selon l'association TRIAL, le deux auteurs habituels de ce journal traditionnellement ancré à droite de la droite, contestent notament le génocide de Srebrenica et l’assassinat de plus de 8 000 hommes musulmans; les atrocités dans des camps de concentration et les crimes contre l’humanité commis par des Serbes ; les viols collectifs perpétrés par des Serbes bosniaques, et enfin les attaques à la grenade sur la place du marché de Sarajevo.

Inadéquat mais pas négationniste?

C'est suite à la proclamation de l’indépendance du Kosovo, le 17 février 2008 que ce journal  a publié une série d’articles sur le «lynchage médiatique des Serbes». Aujourd'hui, le rédacteur en chef de La Nation Jean-Blaise Rochat admet que le terme «pseudo-massacre de Srebrenica» était «inadéquat» . Dans le communiqué de presse paru ce 19 avril en réponse à la plainte portée contre ses deux rédacteurs, le journal affirme ne pas remettre en question l'existence du massacre. Reste qu'aucune excuse ni regrets ne sont formulés dans ce communiqué et que le procédé négationniste des deux auteurs y est défini comme «une manière ordinaire de traiter les questions historiques» . Ce sera donc à la Justice suisse de trancher.

Information supplémentaire