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Status quo pour les sans-papiers

07.08.2009

Un fait divers relayé par la presse rappelle qu’en Suisse vivent de nombreux sans-papiers. Sans aucun droit, beaucoup d’entre eux travaillent « au gris », servant ainsi une économie souterraine indispensable à la Suisse, mais vivant tout de même dans la crainte constante d’être renvoyés. Une hypocrisie de la Confédération ?

Formation, emploi et économie : témoignages

Même s’ils ont un bon niveau de formation, les clandestins sont cantonnés à des emplois précaires. Ils ne peuvent également pas toucher le chômage, même s’ils peuvent justifier de douze mois de cotisations. Des problèmes se posent également pour la formation des enfants, qui n’ont pas accès aux places d’apprentissage. Une fois la scolarité obligatoire terminée, à moins que l’enfant ne prenne la voie du gymnase, les adolescents sans-papiers sont contraints de mettre un point final à leur formation. « Les choses simples de la vie son inaccessibles », déclare une mère de famille sans-papier dans un article du Temps du 25 juillet 2009 : « aller en voyage d’étude pour mes enfants, avoir un abonnement de téléphone, accéder à un meilleur travail ou passer son permis de conduire. Nous vivons dans l’angoisse des contrôles, et de ne pas savoir ce qui va nous arriver ». Pour une majorité d’entre eux, un voyage retour s’avère cependant inimaginable : situation économique très précaire dans le pays d’origine, scolarisation des enfants en Suisse ou tout simplement longues années de résidence sur sol helvétique sont autant d’arguments qui rendent le retour inconcevable.

Clandestins équatoriens dotés d’un consulat à Lausanne

Selon une estimation du Service de la population datant de 2005, plus de 15000 personnes sont sans-papiers dans le canton de Vaud, dont 6000 proviennent de l’équateur. Le phénomène est si massif que l’Equateur a ouvert, en 2003, un consulat à Lausanne ayant pour objectif de soutenir les 4000 à 5000 sans-papiers équatoriens vivant dans la région. La plupart de ces personnes travaillent dans l’hôtellerie ou font des heures de ménage. Même après de nombreuses années en Suisse, ils vivent dans la discrétion la plus absolue, sachant qu’ils n’ont que peu de chance de voir des démarches pour une régularisation aboutir.

Régularisation collective ?

Le 23 juin 2009, le Collectif vaudois de soutien aux sans-papiers remettait au Grand conseil vaudois les pétitions pour une régularisation collective des sans-papiers dans le Canton de Vaud. Plusieurs démarches similaires avaient déjà été entreprises en Suisse, sans aboutir. Huit ans après les premières occupations d’églises en Suisse par des personnes sans statut légal, la situation des sans-papiers ne s’est toujours pas améliorée. Considérant la validation de l’initiative Toni Brunner visant à empêcher les mariages avec des personnes sans-papiers et le status quo de la situation de la formation professionnelle des jeunes sans statut, elle s’est même nettement durcie.

Outre l’argument évident du respect des droits humains et de la dignité des migrants, un rapport récent du Conseil de l’Europe favorable aux régularisations collectives souligne que ces dernières permettent une diminution de la population des sans-papiers, un contrôle de l’économie souterraine et la participation des migrants régularisés aux impôts et aux charges sociales.

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