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Tous les êtres humains sont égaux devant la loi. Et les autres? Deux journées de réflexion et un éveil politique commun

21.03.2022

Les personnes concernées et les spécialistes sont unanimes: il est urgent, en Suisse, de renforcer la protection contre les discriminations. La discussion est lancée. La Plateforme des ONG suisses pour les droits humains et le Centre suisse de compétence pour les droits humains (CSDH) ont invité de nombreuses personnes issues des milieux les plus divers à en débattre lors de deux journées de réflexion. De nombreux groupes et organisations clarifient maintenant ensemble les étapes suivantes.

Commentaire de Matthias Hui, co-coordinateur de la Plateforme des ONG suisses pour les droits humains

Une première journée, organisée en ligne le 2 novembre 2020 avec une très large participation, avait déjà permis de dresser un état des lieux complet et de donner une impulsion au renforcement de la protection contre la discrimination en Suisse. Les thèses élaborées sur la base de ces discussions ont servi de point de départ à une rencontre de suivi et de réseautage le 25 octobre 2021. Selon elles, des processus d'apprentissage collectifs et de larges alliances sont décisifs pour atteindre l'objectif commun d'une société libre de toute discrimination. Les membres des groupes concernés et en particulier les personnes victimes de discriminations multiples doivent être elles-mêmes acteur·trice·s de la protection contre les discriminations. Les causes des discriminations - inégalités sociales et économiques, stigmatisation ou lacunes dans la protection des droits humains - doivent être analysées en commun et des priorités politiques doivent être définies en réseau.

La journée de suivi et de réseautage à Berne, également très bien fréquentée, a mis en évidence l'importance de la collaboration avec des organisations plus petites, comme «avanti donne» , «Sex Workers Collective» ou «Radgenossenschaft der Landstrasse» (association faîtière des «gens du voyage»). L'intervenante Anja Glover revendique l'accès des personnes concernées aux processus de décision, alors que Tarek Naguib, juriste à la Zürcher Hochschule für Angewandte Wissenschaften ZHAW (Haute école pour les sciences appliquées de Zürich), a plaidé pour que l'on ne sous-estime pas la dynamique que pourrait induire une discussion commune sur une nouvelle loi générale contre les discriminations.

Alecs Recher, du «Transgender Network Switzerland» et membre du groupe de préparation de la réunion, a tiré le bilan de la conférence: le mouvement pour une protection accrue contre la discrimination se situe désormais à un autre niveau. De nouveaux groupes font maintenant partie du débat; la prise de conscience des questions transversales et intersectionnelles ainsi que des discriminations multiples est de plus en plus forte;  la discussion sur une nouvelle loi générale sur l'égalité est menée de manière très détaillée et différenciée. «La meilleure perception de soi-même, la volonté de s'écouter les un·e·s les autres et de ne plus se disputer la place et les ressources est très encourageante pour la poursuite d’un travail commun», conclut Alecs Recher.

Les deux conférences ont induit une dynamique très positive: dans le cadre de la Plateforme des ONG suisses pour les droits humains, un nouveau groupe de travail «Protection contre la discrimination» a été créé dans la foulée, et peut compter sur une participation active élevée de groupes de base, d'organisations de défense des droits humains et de spécialistes. Ce groupe de travail ouvert est coordonné par Amnesty International Suisse et Pink Cross, accompagnés par la coordination de la Plateforme des ONG de humanrights.ch.

Le groupe de travail procède entre autres à l’analyse juridique et politique d'une nouvelle loi générale contre la discrimination; cet état des lieux permettra une discussion critique tant pour ce qui est du potentiel en matière de droits humains et de mobilisation politique que de la mise en œuvre au niveau politique de cette stratégie. Le rôle possible de la future Institution nationale pour les droits humains, qui remplacera le projet pilote du Centre suisse de compétence pour les droits humains, doit également être abordé dans la lutte contre les discriminations. Les membres du groupe de travail élaborent et testent des formes de soutien mutuel et de mise en réseau ainsi qu’une communication commune aux groupes, initiatives et organisations très diverses.

La Plateforme des ONG suisses pour les droits humains s'avère être le lieu approprié où poursuivre le travail commun en faveur d'une protection forte contre la discrimination en Suisse. La coopération encore assez faible avec les groupes et organisations de Suisse romande et du Tessin montre qu'il reste encore beaucoup à faire pour devenir une plateforme globale politiquement viable. Il convient enfin d'accorder une attention particulière à la confrontation avec les structures discriminatoires et à la sensibilisation aux déficits en termes de de diversité au sein même des organisations et mouvements concernés.

contact

Tarek Naguib
Coordinateur de la Plateforme des ONG suisses pour les droits humains

tarek.naguib@humanrights.ch
031 302 01 61
Jours de présence au bureau: Ma-Je

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