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Adieu au dialogue bilatéral pour les droits humains

26.05.2011

La Suisse tourne une page dans sa politique extérieure en matière de droits humains et dit au revoir au dialogue bilatéral tel qu'il s'est fait jusqu'à maintenant.  Les questions concernant les droits humains « ne doivent plus être abordées uniquement dans des dialogues isolés et spécifiques avec des partenaires choisis, mais faire partie intégrante de toutes les consultations politiques de la Suisse, qu’elles soient bilatérales ou multilatérales ». C’est ce qu’indique le Département des Affaires étrangères dans un communiqué  du 23 mai 2011.

Comme l’indique Swissinfo, les objectifs de cette politique étaient d’améliorer la situation des droits humains à moyen et long terme. Concrètement, il s’agit de la libération de prisonniers politiques et de la promotion de la coopération avec les Nations Unies, de l’abolition de la peine de mort, de la protection des citoyens contre la torture, de l’amélioration de l’enquête criminelle et pénale ou encore de la protection des minorités et de la liberté religieuse.

20 ans de dialogue avec la Chine

«L’instrument du dialogue sur les droits humains utilisé jusqu’ici a permis d’atteindre des résultats et de faire des progrès dans certains pays», souligne le DFAE dans son communiqué de presse. Reste que «par trop axé sur la modification du standard normatif dans les pays concernés, ce modèle se limitait à un nombre restreint de critères et ne tenait pas suffisamment compte des circonstances particulières dans le pays, ni des développements en cours».  Avec le dialogue bilatéral uniquement, le risque est par ailleurs grand de marginaliser la question des droits humains en même temps que l’instrument de sa promotion.

Le dialogue bilatéral est utilisé depuis des années par le DFAE pour les questions concernant les droits humains. Avec la Chine par exemple, la Suisse mène ce dialogue depuis 20 ans. Interrompu à de nombreuses reprises, il n’a pour l’instant pas encore porté les fruits espérés. Voilà probablement une des raisons qui fait dire à nombre de politiciens et journaux que cette politique ne sera pas regrettée.

Enjeu de la politique extérieure économique

Les instruments de la politique bilatérale en matière de droits humains ont de tout temps été controversés. Il n’y a donc pas à s’étonner si l’annonce de la fin de cette politique suscite aujourd'hui des réactions variées. Pour certains spécialistes, tels Adrien-Claude Zoller, directeur de l’organisation non-gouvernementale «Genève pour les droits de l’homme», ce changement n’est pas l’aveu d’un échec, mais le début d’une deuxième étape qui profitera des acquis dus à l'ancienne. Tel qu’il l'a confié à Swissinfo, l’intégration de la promotion des droits humains dans tous les secteurs de politique étrangère est d’après lui  «la deuxième phase» d’un programme qui a vu la Suisse augmenter régulièrement ses initiatives pour la défense des droits humains depuis dix ans.

Du point de vue des droits humains, on se réjouit en effet de voir à l’avenir le dialogue sur les droits humains prendre place dans toutes les consultations liées à la politique étrangère. La peur que l’instrument du dialogue bilatéral finisse par marginaliser la question des droits humain est par ailleurs tout à fait compréhensible. Ce danger guette malgré tout tant que les droits humains resteront en marge des discussions de politique extérieure. Il est urgent en effet que la Suisse intègre ce paramètre dans les négociations qu’elle mène pour les accords de libre-échange économiques et qu’elle fixe des exigences contraignantes en la matière à ses partenaires.

Sources