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Défections occidentales inattendues malgré les compromis

Peu avant que ne débute la Conférence d’Examen de Durban sur la lutte contre le racisme à Genève (dite Durban II), quelques Etats, tous occidentaux, ont annoncé leur désistement. Ces nouvelles ont surpris dans la mesure où les Etats occidentaux ont obtenu satisfaction dans plusieurs de leurs revendications quand au texte final de la déclaration.

Les absents

L’Etat d’Israël et le Canada avaient annoncé de longue date leur non-participation à la conférence. S’ajoutent à la liste des absents Les Etats-Unis, l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Italie, la Pologne, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Le soir du premier jour de la conférence, suite au discours scandaleux du Président iranien, c’est la République tchèque – qui assure la présidence actuelle de l’UE – qui annoncera également son retrait. Ces dix pays boycottent la conférence.

La France, la Grande-Bretagne et la Suisse ont confirmé leur participation.

Craintes de manipulation de la conférence

Alors que les Etats-Unis ont justifié leur retrait par leur désaccord avec certains points du texte final de la déclaration, qui selon eux répètent certaines décisions controversées de Durban en 2001, l’Allemagne a avancé ses craintes que la conférence ne soient manipulée. Selon son ministre des affaires étrangère Frank-Walter Steinmeier, celle-ci pourrait servir de plateforme pour d’autres intérêts.

Suite au désistement des Etats-Unis, la Haut-commissaire des droits de l’homme s’est déclarée « choquée et profondément déçue ». De même, l’ancien rapporteur de l'ONU sur le racisme Doudou Diène estime que les raisons invoquées pour ne pas participer à la conférence manquent donc de crédibilité. Selon lui, les pays qui ont décidé de se retirer de la conférence « porteront la responsabilité très grave d'affaiblir la mobilisation contre le racisme, alors que ce phénomène est en augmentation dans le monde entier, que se soit l'antisémitisme en Europe et dans des continents qui ne le connaissaient pas historiquement, le racisme anti-noir ou anti-blanc, tout comme celui à l'égard des musulmans. »

Clivage renforcé

Le boycott de la conférence par ces pays est regrettable dans la mesure où l’ONU, même imparfaite, demeure une enceinte multilatérale nécessaire au dialogue. Selon un analyse du Temps du 21 avril 2009, ces Etats occidentaux absents de la Conférence mettent à mal « un consensus inespéré entre l’Occident et l’Islam, ligne de fracture sur laquelle navigue Durban II ». Cette attitude contiendrait les germes de l’humiliation qui pourrait se payer comptant à l’avenir.

Position de la Suisse....

La Suisse a confirmé sa participation dès le 18 avril 2009, après que le document final ait été adapté, grâce aux efforts de médiation russe. Elle sera représentée par son ambassadeur aurpès de l'ONU, Dante Martinelli, et non pas par la ministre des affaires étrangères Micheline Calmy-Rey. De son côté, la Commission fédérale contre le racisme (CFR) a présenté le 17 avril 2009 sa prise de position au sujet des effets de la première Conférence mondiale de Durban en Suisse.

La CFR retient que la Suisse n'a, à ce jour, pas élaboré de programme d'action national et n'a donc pas véritablement entrepris de travaux de mise en oeuvre. Toutefois, certaines demandes formulées lors de la conférence ont été reprises et réalisées, telle la création du Service de lutte contre le racisme (SLR),  les nouvelles constitutions cantonales instaurant l'interdiction de discrimination, les efforts en vue d'un monitorage du racisme notamment. Mais la CFR souligne que manque toujours au droit civil suisse une interdiction générale de discrimination. De plus l'offre de services de consultation pour les victimes est très restreinte et ne reçoit pas de soutien financier de l'Etat.

...et en marge de la conférence

À noter qu’en marge de la conférence, le président suisse Hans-Rudolf Merz a rencontré le 19 avril 2009 son homologue iranien Mahmoud Ahamadinejad. Ils ont eu un entretien de travail dans le contexte des relations bilatérales (notamment dans le domaine énergétique et économique) et le dialogue irano-suisse sur les droits de l'homme a été évoqué. Le président de la Confédération a exprimé l'inquiétude de la Suisse face à la situation des droits de l'homme en Iran, en particulier en ce qui concerne les peines corporelles, les lapidations et les exécutions de mineurs. En tant que représentatice des intérêts des USA en Iran, différents cas non résolus dans le domaine de la protection consulaire ont été discutés, y compris la condamnation de la journaliste irano-américaine Roxana Saberi. Cette rencontre a été d’autant plus critiquée que la Suisse, pays-hôte de la Conférence sur le racisme, a rencontré celui qui y a tenu des propos scandaleux. Elle a provoqué des tensions dans la relation avec Israël, qui a rappelé son ambassadeur en Suisse pour consultations. 

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