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Islam & droits humains - Dossier

Islamophobie

04.04.2017

Dénigrement ou discrimination dans le monde du travail, à l’école ou lors des procédures de naturalisation, voies de fait contre des musulman-ne-s ou encore attentats contre des mosquées et des centres islamiques: l’islamophobie, comme toutes les formes de racisme, peut prendre bien des visages. Le point commun reste cependant le rejet d’une personne à cause de sa religion, l’Islam, et un rapport à l’autre qui le rabaisse.

L’instrumentalisation politique de l’extrémisme islamiste

Depuis les attentats du 11 septembre 2001, les messages antimusulmans sont de plus en plus présents dans le discours politique en Europe, et la Suisse ne fait pas exception. La population musulmane est régulièrement désignée comme bouc émissaire ou dépeinte comme le diable en personne, que ce soit de manière directe, dans les débats sur l’interdiction de la burqa ou des minarets ou de manière indirecte, dans les votations portant sur la migration ou l’intégration.

Le djihadisme violent nourrit le terreau de cette islamophobie d’un genre nouveau. Les partis de la droite européenne instrumentalisent les peurs diffuses suscitées par les nombreux groupes islamistes qui commettent des attentats et des actes de violence pour diffuser des messages islamophobes. Ce faisant, il mette sur la sellette non plus les terroristes, mais l’Islam dans son ensemble.

Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, a dénoncé, dans un discours virulent prononcé en août 2016, les leaders populistes européens qui ont fait de l’islamophobie l’un des piliers de leur politique.

Islamophobie et critique de l’Islam

Les populistes de droite rendent l’«Islam» directement ou indirectement responsable du terrorisme islamiste. Cette diabolisation de la religion islamique a pour nom «islamophobie», une idéologie qui emploie un discours et des stéréotypes négatifs pour dénigrer l’«Islam» en bloc. En politique comme dans la vie quotidienne, c’est souvent sur ce genre de griefs islamophobes que se fonde le rejet des musulman-ne-s.

Il serait toutefois faux de qualifier d’islamophobe toute critique de la foi et de la pratique islamique. Dans une société éclairée, l’analyse critique des croyances religieuses est non seulement légitime, mais aussi nécessaire. Lorsque des croyants ou des organisations musulmanes taxent d’«islamophobe» toute critique adressée à leurs textes sacrés, ils vont trop loin et s’évertuent à blinder les normes et actes justifiés par la religion contre toute critique. En fait, toute critique objective et fondée de l’Islam (et de toute autre religion) peut se prévaloir de la liberté d’expression.

La question est donc de savoir ce qui distingue la critique objective de l’Islam, qui est permise, de la diffamation, qui est réprimée. Du point de vue philosophique, la limite est franchie lorsque la raison éclairée renie ses principes et a recours à des moyens rhétoriques malhonnêtes pour dénigrer la religion islamique, c’est-à-dire lorsque la raison émet des opinions stéréotypées au lieu de poser des jugements nuancés.

Du point de vue juridique, la limite est franchie lorsque la critique de la religion sert de prétexte à un discours haineux qui bafoue la dignité des personnes. Il n’en reste pas moins qu’il est souvent difficile de savoir si cette limite est franchie ou non.

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