05.11.2015
Le droit musulman, aussi parfois appelé tradition juridique islamique, n’est pas une législation étatique unitaire, mais consiste en un ensemble de principes juridiques et théologiques qui, suivant les différentes œuvres de codification, sont interprétés et appliqués de manière non uniforme dans les pays musulmans. Pour comprendre la structure et la fonction actuelle du droit musulman, il s’avère essentiel de retracer son évolution historique, en se concentrant avant tout sur ses sources (Charia et Coran).
Charia, Coran et autres sources du droit
Par analogie, le terme arabe charia signifie «chemin qui mène à la source» et est utilisé en tant que terme générique pour indiquer toutes les lois tirées du Coran et appliquées dans un État musulman idéal. Le mot est souvent aussi utilisé en tant que synonyme des termes «loi musulmane» ou encore «droit musulman». La charia n’est pas un simple recueil de lois, mais bien plus une méthode pour la légifération. Elle est donc l’objet de la Fiqh, la jurisprudence islamique.
La source principale à laquelle se réfère la charia est le Coran. Le texte sacré de l’Islam se compose de 114 sourates, composées de versets et réparties, non par ordre chronologique, mais selon la longueur. Une autre source fondamentale de la charia est la Sunna, à savoir le recueil des actions et du comportement que le Prophète Mahomet a eu durant sa vie; les communications orales du Prophète sont appelées Hadith.
Rupture avec la culture tribale
À l’époque de leur diffusion (VIIe siècle), les conceptions définies dans le droit musulman représentaient une rupture avec la tradition des sociétés préislamiques. Tel a été le cas surtout pour le droit familial et le droit pénal, qui encore de nos jours représentent des domaines essentiels du droit musulman. Le droit familial musulman garantissait aux femmes une position juridique partiellement plus avantageuse par rapport au passé. Par exemple, le Coran restreignait la polygamie a quatre épouses seulement et, même si avec beaucoup de restrictions, leur conférait un droit de succession, qui dans certaines cultures juridiques préislamiques n’avait jamais existé. De plus, le droit pénal musulman devait apporter, grâce à la diffusion d’un système pénal uniforme, une certaine sécurité juridique.
De l’influence européenne à la réislamisation
Entre la fin du IXe et le début du Xe siècle, le droit musulman classique s’était définitivement constitué. C’est avec l’expansion et les conquêtes européennes du XIXe siècle que le droit musulman fut largement substitué par des codifications inspirées du droit occidental, à l’exception du droit familial qui devenait par là un symbole de l’identité islamique. Au cours de la deuxième moitié du XXe siècle, la séparation d’avec les anciennes puissances coloniales amena de nombreux États (entre autres l’Iran, la Lybie, le Pakistan et le Soudan) vers un processus de réislamisation de leurs législations et de leurs constitutions.
Sources complémentaires
- Center for Islamic and Middle Eastern Legal Studies (CIMELS)
Centre de recherche de l’Université de Zurich (informations en anglais et en allemand) - Centre Suisse Islam et Société
Centre de recherche de l’Université de Fribourg - Les cahiers de l’Islam
Revue online d‘étude sur l’Islam et le monde musulman - L’Islam en Suisse
Dossier thématique de la RTS - La tradition juridique islamique dans l’évolution du droit privé marocain
Article d’Omar Azziman de l’Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman, 1992 - La charia
Article de l'Institut européen en sciences des religions, 29 septembre 2007